• Avez-vous de quoi lire pour vos vacances ?

     

    Et, devinez quoi, je ne vais même pas vous parler de Larmoyante. Cela dit, puisque j'évoque le sujet, j'en profite pour vous glisser un mot sur le book-crossing : un exemplaire de Larmoyante traine maintenant quelque part dans Paris, libre à vous de le traquer pour le lire tranquillement avant de le relâcher dans la nature et d'aller illico commander les deux suivants.

    Non, pour en revenir au sujet qui m'occupe, permettez-moi de resituer : je suis assise sur mon canapé (vert et bleu, avec les coussins assortis et submergé par le flot impétueux d'un bazar cyclopéen, si vous voulez tout savoir), en train de pianoter sur une histoire de vampires dont je vous parlerai peut-être un jour, tout en sirotant un chocolat chaud (parce que j'aime beaucoup le chocolat chaud et encore plus le verbe "siroter"), et mon regard tombe d'un seul coup, au milieu du bazar susmentionné, sur mon exemplaire de Gagner la guerre, posé juste à côté de moi - juste en-dessous de La Ville de Claudel, je dis ça pour que vous sachiez bien à quel point je suis une fille sérieuse et cultivée -, parce qu'il fait partie de ces livres qu'il faut toujours avoir à côté de soi - contrairement à La Ville de Claudel, qui est franchement irritant.

    Et là, illumination, éclair de lucidité affolée : les vacances approchent, le printemps revient, on commence à sortir de son trou pour aller se lover sur la pelouse des jardins publics, entre les bucoliques déjections canines et les champêtres cannettes abandonnées... La masse fidèle de mes admirateurs (sous-titre : les trois pauvres hères désoeuvrés qui ont échoué par hasard sur les grèves de mon îlot de Toile) a-t-elle de quoi nourrir son intellect pour ces futures journées de printemps ou sera-t-elle contrainte de se rabattre sur Cinquante nuances de Grey, faute d'un conseil éclairé pour guider ses lectures ?

    J'abandonne donc mon histoire de vampires (Terio était justemment en train de hisser un creuset dans un four trop petit, mais je vous parlerai un autre jour de Terio et de ses problèmes de creuset) pour vous livrer une petite liste de lecture. Profitez bien de vos vacances, et si vous n'en avez pas, profitez bien du rayon de soleil qui se glissera peut-être à travers le plexiglas de votre bureau, entre les deux piles de dossiers urgents et les gobelets de café en plastique vides.

    Voilà donc une poignée de petites idées pour guider vos pas en librairie...

     

    Avez-vous de quoi lire pour vos vacances ?Gagner la guerre, de Jean-Philippe Jaworski, donc. Je ne vais pas m'attarder sur ce livre. Jésus et trotinnettes, je ne conseillerai jamais assez ce livre. Tenez, pour vos beaux yeux, le deuxième paragraphe du roman (à partir de ce moment-là, j'ai compris que j'étais amoureuse) :

    "Je n'ai jamais aimé la mer.

    Croyez-moi, les paltoquets qui se gargarisent sur la beauté des flots, ils n'ont jamais posé le pied sur une galère. La mer, ça secoue comme une rosse mal débourrée, ça crache et ça gifle comme une catin acariâtre, ça se soulève et ça retombe comme un tombereau sur une ornière ; et c'est plus gras, c'est plus trouble et plus limoneux que le pot d'aisance de ma grand-maman. Beauté des horizons changeants et souffle du grand large ? Foutaises ! La mer, c'est votre cuite la plus calamiteuse, en pire et sans l'ivresse."

    Je n'ai rien d'autre à ajouter.

     

    Avez-vous de quoi lire pour vos vacances ?

     

    Quatrevingt-treize, de Victor Hugo. Non, ce n'est pas une erreur. Oui, c'est un blog dédié à la fantasy. Mais ce livre est une révélation, et très franchement, je pense que Hugo est, avec Homère, un des pères de la fantasy (disons grand-père). N'hésitez pas, plongez : c'est un livre fantastique, et en plus de passer un moment délectable, vous aurez l'occasion de briller dans les soirées mondaines quand on vous demandera ce que vous lisez sur la plage. Pour info, c'est un livre sur la Révolution française.

     

    Avez-vous de quoi lire pour vos vacances ?Dôme, de Stephen King. J'avoue, je fais dans la facilité, pour le coup, et j'imagine qu'une bonne partie de ceux qui passeront par-là l'auront déjà lu, mais si ce n'est pas le cas... que dire ? Au trot, amis lecteurs, au trot ! Excellent livre, avec un fond politique qui donne envie de mordre.

     

     

    Avez-vous de quoi lire pour vos vacances ?Miséricorde, de Jaida Jones et Danielle Bennett. Les non-daltoniens dotés d'un sens du goût en état de marche qui seront passés devant la couverture de ce livre auront reculé d'épouvante, les petits rigolos à la recherche d'une bonne tranche de daube fantasy mièvre et aventureuse (comme votre serviteur) auront esquissé un sourire en coin un peu supérieur et se seront empressés d'emprunter ledit livre à la bibliothèque (sans aller jusqu'à l'acheter, parce qu'il ne faut pas pousser mémé dans les orties, quand même) : les deux auront eu tort. Diable et gramophone, c'est vraiment un très bon livre (ou disons tellement moins mauvais que ce que sa couverture laissait présager que c'est tout comme). L'univers est savoureux, les personnages délectablement insolents, le style d'une rare fluidité (et je suis extrêmement exigente sur ce point) et la narration à quatre voix fonctionne très bien. Un bon moment de détente en perspective.

     

    Avez-vous de quoi lire pour vos vacances ?Le Trône de Fer, de G.R.R Martin. Ouvrage qu'il n'est nul besoin de présenter. Ceux qui ne l'ont pas lu me copieront cent fois "Je ne passe pas à côté des succès du moment sous le prétexte de nager à contre-courant, sauf quand il s'agit de Cinquante nuances de Grey".

     

    Avez-vous de quoi lire pour vos vacances ?Hordes, de Laurent Genefort. Parce que je suis en train d'écouter l'album que j'écoutais quand je lisais cette trilogie et que ça me rappelle de bons moments. Et puis parce que c'est un compatriote. C'est mon quota français. Je ne dirais pas qu'il s'agit du meilleur livre jamais écrit, loin de là, et pour être honnête, il y a quelques longueurs, surtout vers la fin, mais (si on excepte mon nouveau dieu et maître, Jaworski, amen), j'ai rarement vu un auteur français faire aussi peu de cas de la mièvrerie (sous-titre : la rouler en boule, la tremper dans le goudron, l'enduire de plumes et l'envoyer se faire pendre ailleurs). Sans parler d'un univers très original et de personnages qui n'hésitent pas à sortir des ornières (ça a l'air d'une formule toute faite, "Les personnages sortent des clichés du genre, etc.", mais c'est faux ; 95% des personnages de fantasy sont des clichés. Ceux de Genefort sont un peu moins voyants.)

     

    Avez-vous de quoi lire pour vos vacances ?Windhaven, de G.R.R Martin. Les fans du Trône de Fer l'ont probablement déjà lu, mais peu importe. Ce livre est l'exemple parfait de la théorie que je défends bec et ongles : un livre qui cherche à faire de la poésie ne sera jamais qu'un ramassis de mièvrerie gluante et morne. Un livre vraiment poétique ne cherche pas à faire de la poésie : elle s'impose toute seule. Windhaven est une perle que vous ne regretterez pas d'avoir lue, et c'est de plus une perle très intelligente.

     

    Je m'arrête là, parce qu'il est maintenant une heure du matin et que je me lève par conséquent dans cinq heures et demi pour accomplir mon devoir quotidien d'étudiante assidue. Savourez cette liste de lecture, faites votre choix, faites vos courses et n'hésitez pas, dans vos commentaires, à me laisser vos propres conseils.

    Bonne lecture !

     


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